Qu’est-ce-que les algues bleu-vert ?
Les algues bleu-vert (cyanobactéries) sont des micro-organismes aquatiques qui sont généralement présents dans tous les plans d’eau du Québec. En temps normal, sa présence ne pose pas de problème mais ce qui est néfaste est sa prolifération excessive. Elles se multiplient principalement en été, dans des eaux riches en matières nutritives, notamment le phosphore. Lorsqu’elles sont très abondantes, elles forment des « fleurs d’eau» (bloom), ou même de l’écume, visibles sur une partie ou sur l’ensemble d’un plan d’eau, principalement en eaux peu profondes, tièdes et calme ou immobile. L’eau peut prendre une apparence de peinture verte ou d’une soupe au brocoli ou aux pois. Ce développement «explosif» influe alors sur plusieurs éléments de l’écosystème aquatique, soit au niveau de l’oxygène du plan d’eau, de sa température et du ph de ses eaux.
Quels sont les causes des algues bleu-vert ?
De nombreuses causes font grimper le taux de phosphate dans l’environnement. Dont la plupart sont reliées à la présence humaine en bordure des lacs et des rivières:
- les écoulements d’eau de vaisselle, souvent chargée en phosphates;
- les coliformes fécaux en provenance de fosses septiques désuètes;
- les engrais aux phosphates;
- les rejets agricoles;
- les rejets de certaines usines;
- l’absence de végétation naturelle.
Quels sont les effets sur la santé ?
Certaines algues bleu-vert sécrètent des toxines qui peuvent provoquer des effets, le plus souvent mineurs, sur la santé. Ainsi, un contact direct et prolongé avec une fleur d’eau d’algues bleu-vert lors d’activités aquatiques ou nautiques peut entraîner une irritation de la peau, du nez, de la gorge ou des yeux.
Par ailleurs, le fait d’avaler de l’eau contenant des algues bleu-vert peut être également la cause de symptômes mineurs qui sont généralement d’ordre gastro-intestinal (diarrhée, nausées, vomissements). L’ingestion d’une quantité importante de toxines peut quant à elle entraîner des effets plus graves au niveau du foie et du système nerveux. Cependant, ces évènements graves ne se sont jamais produits chez des humains au Québec et au Canada, mais des mortalités animales ont été rapportées.
Les algues bleu-vert menacent donc la santé des animaux aussi bien celle des êtres humains et mettent en péril l’économie des régions de villégiature. Les lacs pollués de ces algues deviennent des endroits à éviter au point que les pancartes «chalet à vendre» se multiplient.
Depuis quand parle-t-on de cette problématique au Québec ?
Les algues bleu-vert seraient les plus vieux micro-organismes apparus sur Terre et ils seraient présents depuis environ 3,5 milliards d’années. Les algues bleu-vert auraient alors changé les gaz toxiques de l’atmosphère en oxygène.
Au Québec, à la fin des années 1990, certains cas ont été signalés au Ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS). À la suite de ces évènements, les autorités gouvernementales se sont concertées afin de mettre en place un plan d’intervention sur la gestion des fleurs d’eau d’algues bleu-vert. Ainsi a commencé la mise en application du plan d’intervention en 2004.
Recommandations générales pour l’utilisation de l’eau potable
Si votre eau provient directement du plan d’eau
L’eau provenant d’un lac, d’une rivière ou d’un ruisseau ne devrait jamais être consommée sans traitement préalable. Si vous apercevez une fleur d’eau d’algues bleu-vert à proximité de votre prise d’eau et que votre système d’alimentation n’est pas muni d’un appareil de traitement efficace contre les bleu-vert et les toxines, il est recommandé d’éviter d’utiliser l’eau pour:
- boire,
- préparer des breuvages ou des glaçons,
- préparer ou cuire les aliments.
Faire bouillir l’eau n’est pas efficace pour éliminer les toxines. Vous pouvez utiliser cette eau pour l’hygiène personnelle, le lavage du linge et les autres usages domestiques courants sauf si l’eau présente une couleur ou une odeur inhabituelle.
Si votre eau provient d’un puits ou d’un réseau d’aqueduc
À moins d’avis contraire, vous pouvez continuer à utiliser votre eau normalement.
Recommandations générales pour la baignade et les autres activités aquatiques ou nautiques
Un plan d’eau peut être partiellement ou totalement affecté par des fleurs d’eau d’algues bleu-vert. Pour les zones affectées (manifestement colorées), évitez la pratique d’activités aquatiques ou nautiques pouvant occasionner un contact prolongé avec la fleur d’eau telle que:
- baignade
- ski nautique
- planche à voile
- plongée
- kayak
Vous pourrez à nouveau pratiquer vos activités aquatiques ou nautiques 24 heures après la disparition des fleurs d’eau des zones récemment affectées.
Pour les zones non-affectées, vous pouvez vous baigner et pratiquer vos activités aquatiques ou nautiques normalement.
Les impacts des algues bleu-vert sur les propriétés riveraines de plan d’eau infestées
Le problème des algues bleues compromet-il la valeur des résidences secondaires au bord de l’eau? Pour l’instant, restons calmes; les propriétaires de chalets riverains ne sont pas sur le point de se retrouver sur le sable. Mais, tôt ou tard, la prolifération des algues bleu-vert pourrait changer les données.
Un peu partout au Québec et l’Outaouais ne fait pas exception, les propriétaires de résidences secondaires contemplent l’eau de leur lac d’un oeil inquiet. Les algues bleu-vert sont sur toutes les lèvres depuis quelques années…
Chez les propriétaires, on note une espèce de vent de panique par rapport à l’utilisation de l’eau puisée dans leur lac et l’installation de puits artésien a connu une effervescence pour tenter de contrer cette problématique, occasionnant déjà des dépenses de quelques milliers de dollars. Toutefois, d’autres inquiétudes impliquent des sommes d’argent plus importantes. Quel effet la prolifération des algues bleu-vert peut-elle avoir sur la valeur des propriétés en milieu de villégiature? Les algues bleu-vert feront-elles fuir ou font-elles déjà fuir les acheteurs? On observait déjà depuis quelque temps un intérêt de plus en plus marqué pour les lacs non navigables, c’est-à-dire sans le bruit et la pollution causés par les embarcations à moteur.
Dans la majeure partie des lacs touchés par les algues bleu-vert, les courtiers immobiliers locaux vous dirons que pour l’instant, les acheteurs ne semble pas fuirent systématiquement les cours d’eau problématiques mais ça refroidit certainement leurs ardeurs…
En Outaouais en dans notre expertise privée, nous ne tenons pas compte des problèmes d’algues bleues dans l’évaluation des propriétés… Pas pour l’instant parce que le problème est trop jeune pour voir une tendance se dessiner. Toutefois, si une prolifération massive et récurrente s’installe, nous pourrions assister à des impacts majeurs dans les éventuels prix de ventes des propriétés riveraines aux plans d’eau pollués par les algues bleu-vert. Le tout se joue selon nous dans une question de PERCEPTION. En effet, pour que le problème ait un impact, il doit être persistant, réel… et perçu comme tel. En fait, la perception est aussi importante que la gravité elle-même de la problématique des algues bleu-vert.
La réaction des acheteurs est cependant difficile à prédire. A cet égard, nous faisons référence aux craintes à l’égard des champs électromagnétiques néfastes à proximité des lignes électriques à haute tension, soulevées par des études suédoises publiées au début des années 90. Ces préoccupations n’ont pas amoindries la valeur des maisons en bordure de ces lignes de transmission. Bien au contraire, ces propriétés pouvaient être recherchées parce qu’il n’y avait pas de voisin sur l’arrière, et que l’emprise était accessible sans taxes foncières. Cet exemple illustre bien que tout dépend de la PERCEPTION et qu’il faut se mettre dans la peau de l’acheteur.
Un éventuel impact négatif sur les valeurs des maisons riveraines aux plans d’eau pollués aux algues bleu-vert serait probablement plus important sur les résidences haut de gamme, dont les propriétaires et acheteurs sont plus souvent plus exigeants pour la qualité de leur environnement. À l’inverse, si les acheteurs sont convaincus que les inconvénients ne sont que temporaires, l’effet sera réduit et court.
Un effet résorbé en quatre ans
Des études québécoises bien documentées démontrent que la prolifération des algues bleu-vert peut influer sur le marché immobilier. En effet, en 2004, la qualité des eaux du lac Massawipi avait fait les manchettes causant un certain dommage de par une diminution marquée du nombre de transactions de propriétés au bord de l’eau. Le comportement des acheteurs fut simple en préférant chercher et acheter leurs propriétés aux abords d’un autre plan d’eau non problématique.
L’effet de cette désaffection est cependant difficile à quantifier. Dans la baie Missisquoi du lac Champlain, dont la réputation en matière d’algues bleu-vert est solidement établie, la valeur des propriétés continue d’augmenter, selon plusieurs agents immobilier locaux.. qui affirment comme argument de vente massue que les propriétés riveraines à la baie Missisquoi sont à 45 minutes de Montréal et si on les comparent à d’autres bord de l’eau dans les Laurentides ou à Magog, elles ne sont pas chères!!!…
Si un problème exerce effectivement une pression à la baisse sur les prix des propriétés, les études montrent que ce retard se sera résorbé au plus tard quatre ans après que l’inconvénient ait été éliminé car les gens ont tendance à oublie…à condition qu’on ait réglé le problème des algues bleu-vert…
Conseils pour les propriétaires riverains
Les propriétaires ont tout intérêt à agir pour préserver la valeur de leur propriété. Les coûts pourront varier de quelques centaines de dollars – planter quelques végétaux – à plusieurs milliers – refaire la berge ou revoir l’installation septique.
Les obligations et responsabilités sont variables. Pour les berges et bandes riveraines, les municipalités, si elles le désirent, peuvent établir des règlements s’inspirant de l’énoncé de politique du gouvernement québécois. Par contre, elles sont responsables de l’application du Règlement sur les installations septiques des maisons isolées et doivent le faire respecter. De leur côté, les riverains peuvent prendre l’engagement moral de respecter la Charte des lacs, qui décrit les mesures à prendre pour réduire le risque de cyanobactéries.
En voici quelques-unes:
- Laisser pousser la végétation dans la bande riveraine en bordure du plan d’eau sur ue largeur d’environ 10 à 15 mètres;
- Reboiser les rives afin de créer des filtres naturels;
- Cesser toute fertilisation chimique ou naturelle et abandonner l’usage de pesticides sur la rive sur une largeur d’au moins 10 mètres;
- S’assurer du bon fonctionnement de leur installation septique;
- Utiliser des savons et des produits nettoyants sans phosphate.;
Précautions pour les acheteurs
- Vérifier sur le site du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs si le lac convoité est touché et profitez-en pour consulter les bilans dans années précédentes;
- Contactez la municipalité pour s’informer de l’existence de réglementation en vigueur ou en voie d’adoption concernant l’aménagement des berges;
- Entrez en communications avec l’association des propriétaires du lac convoité afin de s’informer de la petite histoire du lac en matière de qualité de l’eau;
- Un lac aux rives boisées est moins susceptible d’être affecté par des problèmes d’algues bleu-vert. Le truc est de rechercher un lac où, depuis son centre, on a du mal à voir les chalets, parce qu’ils sont dissimulés par la végétation;
- Consultez le site de la Fédération des associations pour la protection de l’environnement des lacs car ce site contient des informations pertinentes sur le phénomène de vieillissement des lacs, un répertoire des lacs en danger et ceux en pleine forme, de même que des conseils pour les distinguer.
Bilan des lacs et cours d’eau touchés par les algues bleu-vert en Outaouais de 2004 à 2008
Plan d’eau |
Municipalité |
2008 |
2007 |
2006 |
2005 |
2004 |
Lac à la Barbue |
Gracefield |
|
X |
|
|
|
Lac Bélisle |
St-André-Avellin |
|
|
X |
X |
|
Lac Bernard |
La-Pêche |
X |
X |
|
|
|
Lac Bernard |
Low |
X |
|
|
|
|
Lac La Blanche |
Mulgrave et Derry |
|
|
X |
|
|
Lac Cadieux |
Messines |
X |
|
|
|
|
Lac Cameron |
Bouchette |
|
X |
|
|
|
Lac Carman |
Chelsea |
|
X |
|
|
|
Lac du Castor-Blanc |
Aumond |
X |
|
|
|
|
Lac Cayamant |
Cayamant |
|
X |
|
|
|
Lac Chalifoux |
Bouchette |
|
|
|
|
X |
Lac Chevreuil |
Duhamel |
|
X |
|
|
|
Lac Gagnon |
Duhamel |
X |
|
|
|
|
Lac Gauvreau |
La-Pêche |
X |
|
|
|
|
Lac Kinsmere |
Chelsea |
|
X |
|
|
|
Lac Lachaine |
Val-des-Monts |
X |
|
|
|
|
Lac Leamy |
Gatineau |
|
X |
|
|
|
Lac des Loups |
La Pêche / Pontiac |
X |
X |
|
|
|
Lac McGrégor |
Val-des-Monts |
X |
|
|
|
|
Lac McMullin |
Val-des-Monts |
X |
X |
|
|
|
Lac Meech |
Chelsea |
|
X |
|
|
|
Baie Mud |
Val-des-Monts |
|
X |
|
|
|
Lac Perreault |
Blue Sea / Gracefield |
|
X |
|
|
|
Lac Poisson-Blanc |
N-D de Bonsecours |
X |
X |
X |
|
X |
Lac Pythonga |
Lac Pythonga |
X |
|
|
|
|
Lac Schryer |
Montpellier |
X |
|
|
|
|
Lac Victoria |
Gracefield |
|
|
|
|
X |
Nombre de plans d’eau touchés différents |
12 |
14 |
3 |
1 |
3 |
Nombre total de plans d’eau touché (Total Outaouais) |
138 |
156 |
62 |
33 |
21 |
SOURCE : Ministère du Développement durable, Environnement et parc / Québec